Argentine 2015-2018

Sur la route de San Roque

Août 2016

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Procession de San Roque à San José. Un enfant porte la statuette de San Roque tant vénérée. Le chien de San Roque tient dans sa gueule un morceau de painPhoto : Marion

Trois semaines que nous arpentons de nouveau les routes argentines. Comme nous avons toute la vie devant nous, nous sommes revenus sur nos pas, dans la région de Misiones pour retrouver des amis, Fred et Martha, Willy et Zulma, connus lors de notre premier voyage. Nous en avons profité pour retourner encore plus au nord voir les Chutes d’Iguazú du côté brésilien que nous regrettions, après coup, de ne pas avoir visitées. En effet, en voyage au long cours, choisir est souvent difficile.

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Marion devant la Gargantua del Diablo, version brésilienne, aux chutes d’iguazúPhoto : Daniel

Après ce détour, nous voilà en terre inconnue. Avant de monter vers les Andes, nous nous arrêtons à San Miguel de Tucumán où fut signé l’acte d’indépendance de l’Argentine le 9 Juillet 1816. Pour le bicentenaire, nous étions en France, dommage ! Mais nous avons quand même célébré l’événement à Bormes-Les-Mimosas, dont un compatriote, Hippolyte Bouchard, participa aux luttes d’indépendance. Tucumán est aussi la patrie de Mercedes Sosa, considérée comme l’une des plus grandes chanteuses au monde, dont la voix nous accompagne dans notre véhicule. Elle est surnommée la « Voix de l’Amérique Latine ». Une partie de ses cendres a été répandue depuis cet endroit dominant la plaine de Tucumán qu’elle affectionnait particulièrement. De là on aperçoit les immenses plantations de citronniers et de cannes à sucre perdues dans les brumes de la pollution.

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Hommage à Mercedes Sosa sur la route de San JavierPhoto : Marion

Nous montons ensuite en altitude dans les Andes vers les Valles Calchaquies, habitées depuis plus de 10 000 ans, à l’est de Tucumán et au sud de Salta dans le nord de l’Argentine.

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Ce monument, à l’entrée de El Mollar, nous rappelle que nous sommes en terre indienne où les Diaguitas s’installèrent.Photo : Marion

A El Mollar nous découvrons la culture indienne Tafí. Dans un parc archéologique sont rassemblés les seuls menhirs d’Argentine près de Tafí del Valle. Notre coup de coeur va au Musée de la Pachamama réalisé par l’artiste Héctor Cruz à Amaichá del Valle. Ce Musée présente la culture Diaguita et les oeuvres de l’artiste. Dommage, il est interdit de photographier les peintures, les tentures murales et les céramiques superbes de cet artiste. Après avoir subi l’invasion inca qui modifia profondément leur culture, les Indiens Diaguitas résistèrent aux espagnols pendant près de 130 ans. Le culte pour la Pachamama, Terre-Mère, est toujours très vivant.

Pachamama au Musée d’Héctor Cruz à Amaichá del VallePhoto : Daniel

A l’approche du 15 août, nous pensions trouver une fête religieuse à Santa Maria, notre quête nous mènera 10 km plus au sud dans la petite ville de San José, au Santuario San Roque. Le 16 août un pèlerinage, le plus important des Valles Calchaquies, rassemble plusieurs milliers de personnes venues de toute la région et même de Patagonie pour vénérer une statuette de Saint Roch que possédaient les petites chapelles des mines des alentours depuis 200 ans.

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La vénérée statuette de San RoquePhoto : Daniel

En 1957, les autorités ecclésiastiques remettent cette statuette à la paroisse de San José et en 2001 est créé le Santuario San Roque (Saint Roch).

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Santuario de San Roque dans la petite ville de San José dans la province de CatamarcaPhoto : Marion
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Foule des pèlerins sur la place de San JoséPhoto : Daniel

Nous sommes les seuls étrangers à cette fête et le Maire de San José remarque tout de suite notre présence. Il est très heureux de nous accueillir car nous sommes français comme le Saint Patron de sa commune. Nous devenons des invités d’honneur. A l’ouverture des festivités, il annonce notre présence et nous sommes acclamés par la foule rassemblée sur le parvis de l’église. Le prêtre de la paroisse San Roque nous demande même d’intercéder en sa faveur, auprès de la paroisse de Montpellier, pour obtenir une relique de Saint Roch, un tout petit bout d’os, me dit-il.

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Autel de San Roque : un escalier monte derrière l’autel, les pèlerins peuvent ainsi accrocher une figurine pour leurs voeux sur le manteau de San RoquePhoto : Marion

Durant les diverses célébrations, nous  découvrirons l’histoire de San Roque :

Saint Roch, en effet est né à Montpellier en 1315 d’une riche famille bourgeoise. Il aurait étudié la médecine. A sa majorité il fit don de ses richesses aux pauvres et partit en pèlerinage à Rome. Pendant trois ans, il soigna les gens de la peste.

« A son retour en France,  Roch finit par contracter la maladie et s’isola dans une forêt près de Plaisance pour ne pas contaminer d’autres personnes. Seul le chien de chasse du seigneur du voisinage vint le nourrir en lui apportant, chaque jour, un pain dérobé à la table de son maître. Ce dernier, intrigué par le manège de l’animal, le suivit en forêt et découvrit le saint blessé, qu’il put ainsi secourir. Saint Roch est généralement représenté avec son chien Roquet, d’où le terme de roquet pour désigner un chien, dont il est inséparable, d’où l’expression, pour parler de deux personnes inséparables : « c’est Saint Roch et son chien ».  Une fois guéri, il revint dans sa patrie vers l’âge de trente ans. Il restait défiguré par les mortifications qu’il avait subies. Personne ne le reconnut, ni même son oncle devenu gouverneur de la ville. A Montpellier, alors déchiré par une guerre civile, il fut pris pour un espion et jeté au cachot. Par humilité, il y demeura incognito et périt de misère en 1378. Ses concitoyens se rendirent compte trop tard de leur méprise. À sa mort ils lui découvrirent une marque de naissance en forme de croix. » Wikipedia

Il est le Saint Patron des pèlerins du monde entier, très populaire chez les italiens et les espagnols.

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Saint Roch est souvent représenté avec son bâton de pèlerin et la jambe découverte qui montre les séquelles de la lèprePhoto : Marion

Pendant deux jours, rites religieux et païens se mêlent de façon très naturelle. Les messes se succèdent dès le 15 août à 10h, à 17H30, à 20H. Beaucoup de ferveur, les gens touchent les croix, et défilent pour embrasser la fameuse statuette de San Roque.

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Char de San Roque à la mode indienne. La foule tente au passage de toucher la statuette ou la croix du chapelet de San Roque sur son charPhoto : Marion

Des pèlerins achètent des breloques en métal, aux formes diverses en fonction des voeux adressés à San Roque qui accomplissait des miracles de guérison. On trouve des silhouettes d’homme et de femme, des silhouettes de jambe, de bras, de poitrine, de coeur, de poumons etc…

A 22 h sur le parvis de l’église, nous assistons à un gala de danse folklorique en attendant le Jour du Saint.

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French Cancan devant San Roque en fond d’écranPhoto : Daniel

A minuit San Roque sort du sanctuaire pour une présentation aux pèlerins. Les cloches sonnent, le peuple acclame : « Viva San Roque », les pétards pètent…  Suit la messe de minuit.

VIDEO de la présentation de  San Roque à minuit

Nous n’assisterons pas à la messe de 6h ni à celle de 8h !
A 11h, une messe solennelle célébrée par l’Evêque Monseigneur José Dematrio est donnée sur le parvis.

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L’Evêque Monseigneur José Dematrio célèbre la messe solennelle de 11h devant la foule rassemblée sur la place.Photo : Marion

Video de la Chorale de la Messe solennelle de San Roque

Une dizaine de prêtres se disperse dans la foule pour distribuer la communion.

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Communion sur la place du villagePhoto : Marion

Tout se passe dans une ambiance très décontractée. Les ecclésiastiques sortent même leur smartphone pour prendre des photos pendant la messe.

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Curé dans le vent !Photo : Marion

Après la messe solennelle, l’effigie dorée de San Roque et un char de San Roque, à l’allure indienne, accompagné de son inséparable chien, défilent dans les rues de San José pour la procession.

VIDEO sur la procession de San Roque

Pour clore les cérémonies un immense « Bingo San Roque » est proposé sur le parvis. C’est l’équivalent de notre loto mais à grande échelle puisqu’il y a des milliers de participants. Une grille coûte 100 pesos soit 6 euros. Certains joueurs en ont plusieurs dans les mains. Le gros lot est une moto neuve bardée de publicité. Les autres prix sont de l’argent 300 € et 430 €. Les joueurs investissent même l’église pour jouer !

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La même ferveur pour le Bingo San RoquePhoto : Daniel

Tout ceci semble bien loin de la piété de Saint-Roch mais cela correspond aux besoins de ces gens qui vivent essentiellement d’agriculture substantielle et de petit artisanat qu’ils vendent à l’occasion de ces fêtes, sur des stands dans les Ferias qui durent souvent plusieurs jours.

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De quoi rassasier les pèlerinsPhoto : Marion

Merci à Monsieur le Maire Antonio Gomez, l’intendente de San José, pour son accueil et le repas partagé avec ses collaborateurs.

Contrairement à notre habitude, nous mettons en ligne très rapidement cet article, car nous avons un challenge à remplir. Comme nous sommes maintenant des célébrités à San José, notre histoire intéresse la presse locale qui annonce notre prochain article sur le web !

ARTICLE WEB
  1. beatrice C

    Bravo et merci de nous faire partager ainsi votre voyage.
    Bravo surtout ā Marion pour sa « nouvelle tenue  » entre Tintin reporter dans les pays chauds et le clown Grock.pour le pret du pantalon. Daniel , tu proposes de « chercher Marion », trop facile ! on ne peut pas la rater.
    Bises

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  2. Josiane et Bruno

    Bonjour Marion et Daniel
    Parcours intéressants avec les coutumes ,les traditions , l’aventure avec les gens de ces pays que vous traversez. Vous ne devez pas vous ennuyer !
    Merci pour toutes ces belles images.
    Grosses bises

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  3. PEDRO NIEVA

    ESTIMADOS AMIGOS, FUE UN VERDADERO PLACER CONOCERLOS Y DE QUE HAYAN PASADOS UNOS DIAS FELICES EN NUESTRO PUEBLO SAN JOSE, EN LA FIESTA DE SAN ROQUE Y ESPERO QUE PRONTO VUELVAN A VISITARNOS, LAS PUERTAS ESTAN SIEMPRE AB IERTAS Y EL CORAZON DE LA GENTE PARA DARLES LAS BIENVENIDAS, ATE. Dr. Pedro Rolando Nieva, Asesor Legal de la Municipalidad de San Jose

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  4. Christinet Cornelia et Jean-François

    Bonjour,
    Comme je vois vous nous devancez et que vous allez bien.
    Nous arrivons à Buenos Aires le 14.9. et montons vers le Sud Lipez (y serons mi-octobre) et redescendons ensuite sur l’Atacama, Santiago, île de pâque et retour par le centre de l’Argentine sur l’Uruguay où nous laisserons notre voiture une année.
    Toujours magnifique vos photos et vos reportage, un régal.
    Nous permettons de vous piquer des idées de visites et de parcours.
    Bonne route, peut-être on se croise cette fois!

    Cornelia et Jean-François (Islande – Azalaî)

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  5. ANDRES Frédéric

    Bonsoir Marion & Daniel

    c’est magnifique….
    continuez à nous envoyer ces beaux moments que vous vivez
    amicalement
    Sylvie & Frédéric
    Bises………..

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