Il a neigé sur le Cerro Negro il y a deux jours. Nous quittons Cachi pour rejoindre la route RP 33 qui traverse les paysages du Parque Nacional Los Cardones, magnifiés par ce saupoudrage, se situe entre 3000 et 3457 m et relie Cachi à Salta par la Cuesta del Obispo.
Nous nous acclimatons à l’altitude avant d’aborder, le lendemain, l’Abra del Acay, plus haut col de l’Argentine à 4980 m et testons la coca achetée à Cachi. Cette plante prévient le mal des montagnes et son usage n’est autorisé que dans le nord-ouest de l’Argentine ainsi qu’en Bolivie. Elle est utilisée sous forme de thé ou placée directement dans la bouche : 3 feuilles contre chaque joue, à changer toutes les deux heures, dès que l’on commence à monter en altitude. Cette plante a aussi des vertus antioxydantes, coupe-faim, et nous nous apercevrons au fur et à mesure qu’elle blanchit effectivement les dents.
Le Parque Nacional Los Cardones est une zone au climat aride avec seulement 150 mm de pluie annuelle entre octobre et mars. Les chutes de neige sont rares.
Le cardon, plante endémique, est un bon exemple de l’adaptation que doit faire un végétal pour vivre dans une atmosphère sèche.
Les 8 à 10 premières années de vie du cardon sont critiques car il ne peut pas encore stocker de l’eau à cause de sa petite taille. En 10 ans il ne croît que de 5 cm et risque de mourir de déshydratation. La situation change quand il atteint une taille suffisante pour développer tout un éventail d’adaptations afin d’emmagasiner le liquide vital. Adultes, quelques spécimens atteignent 10 m de hauteur.
Le vie du cardon dépend d’une autre plante. Il est nécessaire que les graines du cardon tombent et germent sous une plante qui les protège du gel et du soleil. C’est la Jarilla qui remplit cette fonction dans le « Parque Nacional Los Cardones ». Ainsi le jeune cardon profite de l’ombre de la plante-nourrice et de l’humidité du sol ainsi générée. L’importance de cette interaction est énorme car, sur 80 000 graines, une seule germera, celle qui tombera sous une plante-nourrice.
En été, saison des pluies, le cardon accumule plusieurs litres d’eau dans ses tissus et gonfle. Ses feuilles sont transformées en épines d’une dizaine de centimètres qui lui confèrent défense et réduction de perte d’eau par transpiration. Sur ces épines se condensent des gouttes d’eau qui tombent sur le sol et seront absorbées par les racines superficielles pour approvisionner toute la plante. D’autres racines, profondes, atteignent les eaux souterraines. L’écorce verte est recouverte de cire pour éviter les déperditions d’eau. En l’absence de feuille, les tiges vertes qui paraissent des troncs les remplacent pour l’élaboration de la nourriture par photosynthèse. Les premières fleurs blanches ou roses apparaissent à partir de 50 ans d’âge. Le fruit, comestible, est dépourvu d’épine.
A notre passage c’est l’hiver, saison sèche, et les cardons commencent à avoir grise mine. Nous verrons de plus beaux spécimens en Bolivie sur le Salar de Uyuni sur l’île d’Incahuasi où ils doivent profiter d’un meilleur approvisionnement en eau
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Le cardon fourni un bois très léger et très solide qui sert à l’élaboration de charpente pour les constructions traditionnelles et la confection de meubles dans ces régions dépourvues d’arbre.
Francine Lesourd
Toujours un grand plaisir de voir arriver « Le goût d’ailleurs » dans la liste des mails !
Comme d’hab, vous savez nous séduire avec vos textes, vos photos …etc
Merci.
De retour à Ouarzazate, nous avons bouclé le périple Ch. de Foucauld. Difficile
travail de recherche mais très passionnant. Une pensée pour vous à Tissint où
vous avez, vous aussi, retrouvé son lieu de passage.
Amitiés, bonne route et profitez encore et encore ….
Marion et Daniel
Bonjour Francine,
Merci pour tes commentaires qui nous font toujours plaisir. Ici les paysages nous rappelle parfois le Maroc. Et nous y retournerons, c’est sûr…
Amitiés voyageuses
SCHAER Dominique
Nous sommes heureux de pouvoir à nouveau vous suivre sur ce continent lointain dans ces paysages incroyables. La couleur de ces montagnes me rappelle un peu celles du Maroc où l’on voit toutes les strates aux tons différents se découper sur l’horizon. Vos photos sont comme toujours magnifiques, d’une grande netteté. Merci du cours très intéressant sur les cardons. La photo la plus frappante pour moi est celle où vous petit-déjeuner à côté de votre véhicule sur ce sol blanc de sel. Cela semble irréel… En tout cas, vous avez l’air heureux et en bonne forme. Ca fait plaisir !
Bises à tous deux et bonne route.
daniel ANDRE
Une nouvelle fois des photos et des textes forts intéressants. Merci et bonne route…
lelong
Bon, les cardons géants et les feuilles de coca, – n’en abusez pas-, c’est plus exotique que la culture des poireaux !!! Merci de nous faire partager toutes ces photos toujours aussi superbes et quels cieux !!!! ( bon, nous, on a quand même inauguré la chapelle des Miaux mais sans charpente en cardon !!! ) Biz
nelly
Christiane
Merci de me faire voyager et découvrir ces contrées inconnues pour moi. Les images et les explications sont excellentes, comme d’hab, et le cardon comme thème général est une idée originale. Bravo !
Bonne continuation.