Bolivie 2016

Somptueuses lagunes du lipez où nichent les flamants du froid

Octobre 2016

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Laguna Colorada, Sud Lipez, Reserva Nacional de fauna Andina Eduardo Avaroa (4295 m)Photo : Marion

La magie du Lipez, l’un des deux plus hauts déserts de la planète, exercera sur nous un irrésistible attrait. Nous y retournerons à trois reprises : lagunes parées de couleurs incroyables, ballet de flamants roses patinant sur la glace au lever du jour…

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Flamant de James à la Laguna Cañapa. Au petit matin de la glace recouvre les bords de la lagunePhoto : Marion

Pour les rencontrer, nous parcourrons, durant plusieurs jours, des pistes dans des paysages arides, déserts dominés par des volcans millénaires dont certains sont encore en activité.

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Daniel, les pieds dans le sable, photographie les fumerolles du volcan Ollagüe, volcan actif à cheval sur la frontière boliviano-ChiliennePhoto : Marion

Les pistes sont très diverses, tantôt caillouteuses et remuantes, sableuses et douces, tôle ondulée cassante. Parfois, une dizaine de pistes s’offre à vous et un sentiment de liberté nous submerge.

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Désert de Siloli entre la Laguna Hedionda et l’Arbol de PiedraPhoto : Marion

Nous nous sentons isolés du monde. Le soir, entre 4200 et 4600 m, il faut affronter des vents parfois violents, des nuits glaciales, mais quelle récompense devant ces tableaux que nous offre la nature.

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Laguna Colorada, Sud Lipez, Reserva Nacional de Fauna Andina Eduardo AvaroaPhoto : Marion

Pour affronter le froid nocturne, nous rajoutons une couverture polaire au-dessus de notre couette et nous mettons collants, manches longues et chaussettes ! Pour que l’eau ne gèle pas dans les canalisations de notre véhicule, nous nous réveillons à 3 heures du matin pour allumer la plaque de cuisson en guise de chauffage. Au petit matin des étoiles de glace ornent nos fenêtres.

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Flamants de James à la Laguna Colorada, Sud Lipez, Reserva Nacional de fauna Andina Eduardo AvaroaPhoto : Daniel

Au printemps et en été, trois espèces de flamants blanc-rosé nichent sur les hauteurs désertiques du Sud-Ouest bolivien dans le Sud Lipez : le Flamant des Andes, le Flamant du Chili et le Flamant de James.

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Affiche à l’entrée de la Reserva Nacional de fauna Andina Eduardo AvaroaPhoto : Daniel
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Le Flamant des Andes est le plus grand (110 cm.) : tête et cou rose intense, pattes jaunes, bec jaune à bout noirPhoto : Daniel
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Le Flamant du Chili (105 cm) : tête et cou rose saumoné clair, pattes gris bleu avec genoux rouges, bec rose saumoné à bout noirPhoto : Daniel
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Le Flamant de James, le plus fréquent, est le plus petit des trois ( 90 cm), tête et cou rose clair, pattes rouge foncé, bec jaune à bout noir. Laguna ColoradaPhoto : Daniel
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Laguna Hedionda Sur dans la Reserva Nacional de Fauna Andina Eduardo AvaroaPhoto : Marion

A longueur de journée le flamant est actif. Grâce à un système de filtration très sophistiqué, il purifie l’eau saumâtre et très alcaline des lagunes.

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Flamant de James à la Laguna CañapaPhoto : Daniel

« Ils filtrent les algues et les diatomées en aspirant et en rejetant l’eau vigoureusement par le bec plusieurs fois par seconde. Les minuscules particules sont piégées par de fines aspérités semblables à des cheveux, alignées à l’intérieur des mandibules. La succion est provoquée par l’épaisse langue charnue de l’oiseau, qui repose dans un creux de la mandibule inférieure et se déplace d’avant en arrière comme un piston. Â» Lonely planet

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Flamant de James à la Laguna CañapaPhoto : Marion

Apres avoir traversé l’immensité plate des Salars de Uyuni et de Chinguana à des altitudes de 3660 m, nous découvrons, après 5 km de piste trialisante, notre première lagune : la laguna Cañapa.

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Laguna Cañapa, altitude 4134 mPhoto : Marion

La laguna Cañapa est l’une de nos préférées car nous pouvons approcher des flamants au plus près sans les effrayer. Ils pataugent dans une fange noire certainement très riche en nutriments qui nous doit de superbes contrastes de couleurs.

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Flamant de James à la Laguna Cañapa qui s’est vautré dans la fange noirePhoto : Daniel

Ensuite, nous poursuivons vers la Laguna Hedionda par un dédale de pistes.

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Laguna Hedionda à 4123 m d’altitudePhoto : Marion
La laguna Colorada, joyau des lagunes du Lipez à 4360 m

Son incroyable couleur rouge orangé s’intensifie au fil des heures et varie selon la force du vent. Elle provient des algues et du plancton qui prolifèrent dans cette eau riche en minéraux. Le carotène contenu dans ces nutriments colore le plumage des flamants en rose. Les flamants naissent blanc et leurs plumes se colorent petit à petit.

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Laguna Colorada, Sud Lipez, Reserva Nacional de Fauna Andina Eduardo Avaroa. 4360 mPhoto : Marion
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Algues rouges au fond de la Laguna Colorada, Sud Lipez, Reserva Nacional de Fauna Andina Eduardo AvaroaPhoto : Marion

Des dépôts blancs et brillants ponctuent la surface de la lagune de courbes du plus bel effet : il s’agit de sodium, de borax, de magnésium ou de gypse. Parfois, les dépôts sont si épais qu’on imagine une banquise.

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Dépot de minéraux à la surface de la Laguna ColoradaPhoto : Marion

Les flamants ne sont pas les seuls habitants de ces lagunes. Des vigognes et des lamas viennent s’y désaltérer et se nourrir.

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Féerie des brumes matinales au-dessus des sources d’eau chaude qui alimentent La Laguna Colorada, appréciées des lamas et des flamantsPhoto : Marion
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Vigogne à la laguna hedionda Sur. Reserva Nacional de Fauna Andina Eduardo AvaroaPhoto : Daniel

C’est l’époque des parades amoureuses. Les mâles, en chantant, se pavanent en groupe, tête dressée, avancent dans le même sens et changent brutalement de direction. Les femelles semblent plutôt indifférentes et continuent à se nourrir.

Chant des flamants mâles lors de la parade nuptiale à la Laguna Colorada
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Danse nuptiale des mâles à la laguna coloradaPhoto : Marion

Comme nous aimons sortir des sentiers battus, nous avons fait la traversée Tupiza – Laguna Verde en faisant un petit détour par le village minier de San Vicente à 4500 m d’altitude.

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Entrée du village minier San Vicente à 4500 m d’altitudePhoto : Marion

C’est là que Butch Cassidy et Sundance Kid furent tués en 1908 après le hold-up raté de la paye des mineurs. Un musée poussiéreux leur est consacré. Il faut demander la clé au kiosco voisin et supplier pour qu’on nous l’ouvre. Un dessus de lit de satin mauve tente de protéger une vitrine de la poussière filtrant à travers les tuiles du toit. Des mineurs profitent de l’ouverture du musée pour le découvrir.

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Musée de San Vicente dédié à Butch Cassidy et Sundance KidPhoto : Marion
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Le volcan Uturuncu depuis notre bivouac de Quetena Chico dans la Reserva Nacional de Fauna Andina Eduardo AvaroaPhoto : Daniel

Pour tester notre résistance, nous avons escaladé le volcan Uturuncu (6020 m), en compagnie du « plus célèbre guide bolivien, Macario Â» qui a travaillé pour la Nasa, dixit le chauffeur. Départ de Quetena Chico à 5H30 au lever du jour. Nous montons en 4X4 jusqu’à 5500 m par une piste utilisée pour l’exploitation du soufre.

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Marion au début de l’ascension du volcan Uturuncu (6020 m). Macario, notre guide, ouvre la marchePhoto : Daniel

Notre guide part très lentement et nous observe régulièrement. Nous mâchons des feuilles de coca. A 5900 m, Il stoppe notre progression pour une pause avant l’assaut final. Le soleil nous réchauffe, le vent se lève. Nous recevons les félicitations de Macario pour notre performance, nous mettons une heure trois quart pour atteindre le sommet, alors qu’il prévoit, en général, 2 à 3 heures. Du coup, Macario prend des raccourcis pour la descente et, à pas glissés, nous courrons derrière lui, droit dans la pente, dans les scories volcaniques. Nous arrivons trois quart d’heures plus tard à la voiture. Point de chauffeur, nous avons été trop rapides !

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Marion et notre guide, Macario, au sommet du volcan Uturuncu à 6020 mPhoto : Daniel

Contrairement à ce que certains voyageurs rapportent, nous rencontrerons une présence humaine dans le Lipez : fermes isolées, exploitations minières, militaires…

Depuis la révolution de 1952, en Bolivie la terre appartient à celui qui la travaille. Au fils des pistes, nous croiserons quelques villages, des fermes avec des troupeaux de lamas, parfois de 300 bêtes, ce qui n’est pas négligeable sachant qu’un lama vaut 100 dollars. Le lama est vendu pour la boucherie. Pour la consommation personnelle, sa viande est découpée en fines lanières et pendue au toit afin de sécher.

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Ferme après Quetena Chico dans la Reserva Nacional de Fauna Andina Eduardo AvaroaPhoto : Marion

En tout, nous aurons parcouru 1500 km de pistes, pas toujours faciles, un peu secoués, presque contents de retrouver le goudron !

Infos pratiques

  1. Bauzin

    Que de merveilles! Un tout grand grand merci pour vos images aux couleurs incroyables, de plus en plus belles et qui me font rêver ! Bravo pour l’ascension du volcan… mais jusqu’où irez vous ? Bravo bravo car nous ne nous lassons pas par tant de beautés and… « Take care »

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  2. Josiane et Bruno

    Des paysages de plus en plus beaux,toujours agrémentés de commentaires.
    Vous vivez de belles aventures et merci encore de nous faire profiter de tout cela.
    Bises à vous deux

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  3. Olivier

    toujours beaucoup de plaisir à consulter vos messages. Je retrouve ici les sensations de mon voyage de 1999 dans ces mêmes paysages, à l’époque où la photo de voyage se déclinait en diapos sur de la fuji velvia 50 ou de la kodachrome 64 !
    Vous avez un talent et un plaisir certain à figé le beau.
    Comme j’ai pour projet de rechausser mes semelles de vent le jour où la retraite me redonnera cette possibilité du voyage apaisé et long, je serai aussi intéressé un jour de lire un article détaillé sur votre petite casa roulante. Si je devais partir prendre aujourd’hui une décision, j’hésiterai sur un modèle très proche du vôtre (toy + azalaï) qui me semble le compromis idéal, ou sur un modèle de type Iveco, plus spacieux, mais moins discret et plus lourd. Vous lire à l’occasion sur ce sujet serait intéressant. En attendant merci pour ces superbes images qui font rêver ceux qui attendent leur tour !

    Une seule phrase est appropriée en conclusion : bon voyage !

    Olivier,

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  4. Yaxiao

    Le paysage est toujours aussi remarquable que quand on l’a vu ce été. La différence est que les volcans étaient enneigés, il y avait pas autant de flamants roses, de plus, la laguna Colorada était grise…
    Applaudi aux conquérants de Uturuncu…, 6020m, c’était pas évident !
    Bonne continuation & Bon vent!

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  5. SCHAER Dominique

    Ces photos sont de véritables tableaux vivants. Ces flamants sont d’une grâce infinie ; leurs poses ou leurs envols nous enchantent. Vous vivez des moments inoubliables dans ces déserts de roches ponctués de lagunes toutes plus belles les unes que les autres. Les volutes blanches sur le fond bleu ciel du lac sont tellement poétiques… Et les ocres et jaunes de la lagune colorada sont d’une intensité incroyables au fil de la journée.
    Bises et bonne continuation.

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  6. Pascale

    Quel plaisir que de regarder vos photos : les paysages bien sûr et ces oiseaux si magnifiques. Bravo pour l’ascension du volcan, vous paraissez bien en forme! A bientôt de vous revoir.

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  7. Margand

    Somptueux ! ça paraît encore plus beau que l’Islande, même si c’est un peu bête de comparer…
    Vos paysages avec ces oiseaux et ces couleurs sont prodigieusement incroyables. C’est superbe !
    Bravo aussi pour l’escalade du volcan à pareille altitude ! Vous nous faites rêver une fois de plus.

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  8. pieyre Diane

    nous sommes absolument estomaqués par les merveilleuses vues que vous nous faites admirer et la force de vos explois . j’ai de la peine à imaginer que l’on puisse réaliser de telles aventures. Vos vues sont magnifiques vraiment magnifiques . Sans vous nous serions vraiment des pauvres .

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