Brésil 2017

César ou le fabuleux destin d’un brésilien clandestin

Octobre 2017
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César inspecte son cheptel. Une de ses vaches vient de mettre bas.Photo : Daniel

 

César fit ses premiers pas dans une favela de Campo Grande, dans le Mato Grosso, au Brésil. A 7 ans, César débuta sa carrière comme aide dans une plantation d’eucalyptus où part travailler sa mère, après s’être séparée d’un mari alcoolique.

Il ira très peu d’années à l’école, juste pour apprendre à lire. A partir de 11 ans, il enchaine les petits boulots dans la restauration, il est déjà un bon vendeur. A 16 ans, il suit l’appel de son père : il le seconde comme chercheur d’or et de diamants dans le nord du Brésil, mais il déchante rapidement, économise pour payer son retour dans le Mato Grosso. Il passe alors des tests pour rentrer à l’armée où il sera sergent jusqu’à ses 24 ans.

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CésarPhoto : Marion

En 1995, suite à la crise économique que connait le Brésil, César décide comme beaucoup de Brésiliens de quitter le pays et économise deux ans pour le billet d’avion.

 

César nous raconte :

 

Il arrive en Allemagne en 1997. Il sera « sans papier » durant 6 années dans divers pays d’Europe.

« — C’était magique pour moi, parce que je ne connaissais rien, c’était intéressant ce monde développé, avancé… »

César reste un an en  Allemagne où il est homme statue pour survivre. Employé au noir dans les cuisines d’un restaurant italien, il apprend l’italien. Il décide alors de partir à Lugano, en Suisse italienne. C’est une femme qui le conduira à Lausanne où il restera 5 ans. Après l’italien, il apprend le français. Une escapade de 6 mois en Irlande, lui permet de s’initier à l’anglais.

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César choisit de poser devant cet arbrePhoto : Marion

En 2001, il commence à travailler dans une petite épicerie et songe à rentrer au pays pour être entrepreneur, devenir riche pour aider sa famille.

A 33 ans, après 6 ans d’Europe, il parle plusieurs langues et rentre au Brésil où il projette de travailler dans le tourisme. Le retour sera douloureux :

 

Pendant 4 années, il fera plusieurs fois faillite dans différents domaines : production de charbon de bois, vente de pièces détachées pour tracteur… sans se décourager. Finalement à 42 ans, il débute comme grossiste en alimentation générale à Rondonópolis. Il imagine une stratégie pour développer son activité. Comme dans beaucoup de pays, au Brésil, les banques ne prêtent qu’aux riches. Il est donc très difficile pour les commerçants d’acheter leur stock. César devient grossiste ambulant. Avec sa fourgonnette, il parcourt la région :

« — Tu peux choisir pour 1000 Reales dans mon camion, tu ne payes rien maintenant. Chaque jour je t’enverrai quelqu’un et tu donneras un 26 ème de ce que tu as pris aujourd’hui.

Deux ans plus tard, César était millionnaire.

« — je suis le seul à faire cela au Brésil »

Il fait développer un logiciel spécial pour tout contrôler, place des responsables dans chacune de ses succursales et embauche un directeur général. « Pour mieux contrôler ses employés », il fait toujours des visites surprises, à personne il ne dit où il va. Ainsi, il retrouve sa liberté, s’offre 3 mois de vacances en Europe, publie un récit sur ses années d’immigré clandestin.

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Livre écrit par CésarPhoto : Marion

Après 4 ans, César gère une cinquante d’employés pour une dizaine de succursales, dans la région du Mato Grosso, place ses gains dans des locaux commerciaux. Aujourd’hui, il se diversifie dans l’élevage bovin.

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César fait le « V » de la victoirePhoto : Daniel

Depuis 6 mois, il loue une ferme de 6000 hectares. Il achète des vaches maigres qu’il engraisse dans les verts pâturages du Pantanal. Alors que dans le reste du pays les vaches pâtissent de la sécheresse, son cheptel est prêt pour la boucherie quand le prix de la viande est au plus haut. Trois employés s’occupent des 1400 vaches de l’exploitation.

César se donne 2 ans d’essai avant d’investir dans une fazenda.

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Au centre César avec ses 3 employés : Odair à gauche, Hudson en rouge et Sidni à droitePhoto : Marion
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La maison de ses employésPhoto : Marion

Etre riche au Brésil n’est pas toujours facile. Une loi octroie à la femme la moitié de la fortune du son mari, en cas de séparation, même après 6 mois de cohabitation. César, comme beaucoup d’hommes riches, préfère le célibat que de voir sa fortune s’envoler. Les femmes, quant à elles,  cherchent à avoir un enfant d’un homme riche.

César n’a pas de maison. Sans Domicile Fixe, il loge à l’hôtel dans les différentes villes où il a ses entreprises.

Drôle de vie que celle de César qui, après avoir été 6 ans travailleur clandestin en Europe, devenu riche au Brésil, reste célibataire pour protéger sa fortune. Jamais il ne dit à ses employés ni à sa famille où il va. Lors de ses voyages en Europe, il se présente comme chauffeur d’autobus ! S’il séduit, il ne veut pas que ce soit pour son argent…

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Première matinée de Daniel à cheval en compagnie de CésarPhoto : Marion

Chevauchée dans la fazenda de César dans le Pantanal

 

Naissance d’un veau

 

Merci, César de nous avoir invités dans ta ferme.

Nous y avons passé des moments authentiques. A cheval, Daniel a rassemblé les troupeaux avec tes gauchos, assisté à la naissance d’un veau, croisé un anaconda. Nous avons découvert la vie rude de ces gauchos qui font la sieste à même le sol en ciment, et se désaltèrent de l’eau des mares pendant leur travail. Une vie au plus près de la nature, où vole une myriade d’oiseaux, où la nuit il faut prendre garde de ne pas marcher sur un serpent venimeux qui a la même couleur que l’herbe sèche. Un soir, un jeune caïman croise les pas de Daniel près de ta maison… Un iguane grimpe à un arbre dans l’espoir de croquer des oeufs. Près du corral, deux cigognes Jabirus tentent d’en fabriquer…

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Un couple de cigognes Jabirus a construit son nid sur celui des Perruches moines, et s’accouple devant nousPhoto : Daniel

 

Le rêve de César ?

Voyager comme nous avec un véhicule aménagé. Il pense cesser de travailler à 55 ans…

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César, sera-t-il toujours clandestin ?Photo : Marion

 

 

  1. Yaxiao

    Aucun soldat ne fera un bon Général s’il manque de courage et de persistence, et de confiance en soi malgré tous les difficultés.

    Merci Marion, Daniel et Cesar!

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  2. Doudou Viviana

    Merci pour votre article. Cette lecture m’à permi de revivre plein de beaux moments que j’ai partagé avec César quand il était en Suisse. Je suis très heureuse pour sa réussite. Il est l’exemple que quand on lutte pour quelque chose on arrive à l’obtenir. Merci également pour les magnifiques photos qui m’ont fait rêver car le Brésil et les chevaux sont mes deux plus grandes passions. Un message à César: Parabéns para o teu sucesso! Non smettiamo mai di inseguire i nostri sogni!

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    • Cesar cabral

      Ciao Vivi. Tante grazie per estare sempre vicino a me. Ma reusiste est un conjoint des evenements, et toi, t’es une des principales clés pour cela. Sans toi, je n’allais jamais à Lausanne où j’ai fais la partie la plus importante de mon histoire en Europe. Je t’attend au Brésil plein de chevaux. Obrigado de coração. Saudações do Brasil.

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  3. daniel ANDRE

    Apres avoir croisé Béatrice dans la rue des peupliers à Saint Egrève je reprend la lecture de votre BLOG… toujours aussi passionnant …
    amicalement
    daniel ANDRE

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  4. nelly

    de concert avec les Patard, petit tour sur votre blog et partage de vos toujours belles et surprenates aventures ! bises de tous

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  5. BETHOUX

    Magnifique reportage sur une vie extraordinaire, énorme coup de chapeau à César qui donne à tous une sacrée leçon de vie. Merci à vous Marion et Daniel de nous faire partager ces moments précieux de rencontres exceptionnelles, et encore bravo pour vos photos remarquables.
    très amicalement
    Catherine et Pierre

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  6. Josiane et Bruno

    Belle aventure humaine et comme quoi,avec de la volonté et du courage on arrive à tout….félicitations à César.
    Et félicitations aussi à vous Marion et Daniel.

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  7. Mireille

    Merci Marion et Daniel, merci César de nous faire partager l´histoire d´une vie riche et courageuse. Que la chance et le succès vous accompagne toujours! Je vous embrasse du Pays de Gex. Mireille.

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    • CESAR CABRAL

      Bonjour Mireille. Merci pour les mots d’encouragemment. La vie dans de pays pauvre c’est une longue bataille. Mais, on a beaucoup d’espoir. Bonne semaine. Cesar

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  8. CESAR CABRAL

    Bonjour a tous. Quoique mon français est devenue pauvre avec le temps, j’esseyes même ainsi de laisser un mot dans ce si interessant blog de voyages. Moi aussi, je suis un passioné des voyages. J’aimerais remercier Daniel et Marion de leurs agreable compagnie parmi nous au Pantanal. Je leurs ai rencontré par hasard a Miranda, une ville pantaneira. Enfait, tous mes bonheurs qui me sont arrivé dans la vie cetait par hasard et avec ce beau couple n’tait pas different non plus. Comme moi aussi j’ai l’habitude de la route j’ai tout de suite envité Daniel et Marion en se lancer avec moi dans une petite aventure dans la ferme, car je suis conscient que les voyageurs ont soif de cela comme moi même. Les employers n’ont jamais eu des contact direct avez des etrangeres, pour ça, ils etaient vraiment heureux et curieux d’avoir des gringos si près d’eux. Une experience inoubliable pour tout le monde. Les chavaliers n’avait jamais fait de photos d’eux même et, une fois qu’ils ont vu les belles photos prises par de cameras especiales Canon que Daniel et Marion apportent avecu eux, ils etaitent vachement ettonait et contents. Moi, de mon coté, j’etais aussi heureux de fournir ses moments magique pour eux, graces a Daniel et Marion, bien sure. Ces homes rustiques du Pantantal, que ne savait même pas si l’europe c’est un pays ou quoi. Ces homes rustiques, que ne savait pas distinguer une langue française de l’anglaise ou quoi que ce soit. Cependant ces homes rustiques là, sont dotés des connaissences de la nature. Ils vit dans la nature comme si s’etait leurs habit naturel, leurs maison, leurs foyer, et moi, chaque fois que je suis avec eux, j’apprend des choses que j’ai jamais imaginais dans ma vie. Voila, les employers ont entendu par la premiere fois dans leurs vie le son agreable et charmant de la langue francese. Au debut ils etaient paralisé quand on parlait. Ils m’ont fuzilé de questions pour savoir en plus. M’ont questionais humblement comment ça se fait que je pourrais comprendre un peu le français. Comment ça se fait qu’ils n’arrivait rien a comprendre même pas un mot. Les humbles employers ont mangé par la premiere fois dans leurs vie de la nurriture française. Marion nous a preparé des creppes dans la cuisine la plus humble qu’elle a connu jusq’ua lors, je crois.Enfin bref, c’etait des moments magique pour nous tous. Je remercies encore une fois Marion et Daniel d’honneur de la visite en attendent leurs retour un jour. Les voyageurs qu’y seront au Pantanal et veulent nous rendre visite, nous sommes les portes ouvertes. Merci a tous de l’attention. Cesar – O CLANDESTINO.

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    • Marion et Daniel

      Merci César pour ce témoignage. Comme notre vie sera longue, nous reviendrons peut-être en Amérique du sud et repasserons par le Brésil à ta rencontre…

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      • Cesar Cabral

        Merci a vous de la visite et par le beau article sur moi. Ça m’as vraiment faire plaisir. Je vous embrasses tous. J’esperes un jour vous revoir.

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  9. Christiane (SGP)

    C’est toujours un régal de suivre vos aventures. Quelle belle rencontre ! Votre reportage est bien conçu, varié et les vidéos complètent bien les images, toujours magnifiques. Bravo !

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  10. Sophie, Philippe et les enfants

    Coucou Marion et Daniel,

    Ravis d’avoir de vos nouvelles. Un magnifique article pour une belle rencontre.
    On vous embrasse du CANADA.

    Bises de nous 4

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  11. Labarre

    Merci de nous faire partager ces belles photos et ce parcours de vie exceptionnel.Nous sommes beaucoup moins aventureux mais, à notre niveau nous découvrons, nous aussi de belles choses. On vous embrasse et bonne route
    Anne-Marie Henri

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  12. Béatrice "BB"

    Merci à tous les 2 de m’avoir fait découvrir votre « César »… Quelle existence! Je lui souhaite de voyager comme vous un jour…
    Au fait le veau à -t-il survécu ?…à suivre!!! Bises canadiennes BB

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    • CESAR CABRAL

      Bonjour Mme Béatrice. Oui, le veau à survécu. Malheureusement il ya beaucoup qu’ont pas la même chance, car sont nombreuses les vaches et nous ne pouvons pas tout controler. De fois, même la vache est morte au moment de mettre bas, car elle n’arrives pas toute seule. Salutations depuis le bresil. Cesar

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