Argentine 2015-2018

A la poursuite de la Baleine Blanche

Octobre-novembre 2015

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C’est l’unique spécimen blanc que nous verrons durant ces cinq semaines d’observationPhoto : Daniel

Depuis quelques années que nous préparions ce voyage, nous avions tant rêvé à ces baleines de la Péninsule de Valdès. Nous avions vu tant de photos sur les blogs de voyageurs et visionné tant de documentaires sur Arte+7. Pour l’Islande,  nous regardions tous les jours les webcams de Jökulsárlón, lagune glaciaire où vont et viennent au rythme des marées des icebergs vêlés par le glacier. A chaque fois la même question se pose : « n’allons-nous pas être déçus ? »

Video : Premier matin du monde

Sur le chemin de la péninsule de Valdès nous nous arrêtons à la Playa de Las Canteras. Les baleines sont au rendez-vous. Accompagnées de leur baleineau, elles longent le rivage dans à peine 5 m d’eau. Sur la plage de sable noir, les touristes suivent leurs allers et retours. Parfois elles dressent la tête hors de l’eau et semblent regarder le public. Un baleineau s’approche un peu trop près et un grognement le rappelle à l’ordre, mais il n’obéit pas immédiatement. Pour notre première rencontre, nous avons droit au spectacle d’un baleineau blanc. Des goélands agressifs se précipitent sur leur dos pour leur arracher de petits lambeaux de peau. Les baleines s’agitent pour s’en débarrasser. Ces lésions provoquent des blessures pouvant aller de quelques centimètres à 30 centimètres. Ce phénomène, apparu dans les années 1970, est devenu un vrai problème car ces lésions peuvent s’infecter et réduire l’espérance de vie de ces géants. Ces goélands ont trouvé un approvisionnement en graisse à portée de bec.

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Attaque de Goéland Dominicain voracePhoto : Daniel

700 Baleines Franches Australes, soit dix pour cent de la population mondiale, migrent de juillet à décembre autour de la Péninsule de Valdès. Chaque année, 300 baleineaux naissent dans les eaux protégées de cette réserve, où se rencontrent un courant chaud venu du Brésil et un courant froid en provenance des Malouines qui sont, bien sûr, argentines comme nous le rappellent les panneaux rencontrés au bord de la route.

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« Les Iles Malouines seront toujours argentines »Photo : Marion

La Baleine Franche Australe n’est pas le plus grand des cétacés, malgré ses 16 mètres de longueur et ses 50 tonnes. Mais, c’est tout de même une rencontre impressionnante à 10 ou 15 mètres en bordure de plage. Il est émouvant de sentir leur présence, d’entendre leur souffle, de partager les caresses qu’elles échangent avec leur baleineau. Celui-ci mesure 5,5 m à sa naissance et ne pèse que 2 à 3 tonnes ! Il grandira de 3 cm par jour. Il présente déjà des callosités noires, propres à chaque individu comme nos empreintes digitales, que recouvrent des crustacés blancs. Ces callosités permettent leur identification.

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« Elle est parée de diamants, elle serait presque belle » dixit Daniel.Photo : Daniel
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Les jeux de caresses entre la mère et son baleineau renforcent leurs liens. Ici le baleineau passe par-dessus sa mèrePhoto : Marion

Nous les repérons de loin grâce à leurs panaches de vapeur. Deux orifices respiratoires se trouvent sur la partie supérieure de la tête. Des muscles puissants ferment ces orifices pour que l’eau ne pénètre pas dans leurs poumons. A l’expiration, elles recrachent 2 jets d’air humide mélangé à des sécrétions pulmonaires. En forme de V, ils peuvent atteindre 5 mètres de hauteur. A l’aube, ces panaches de vapeur se parent de couleurs féériques où l’on distingue parfois des êtres imaginaires.

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Souffle de vapeur de Baleine Franche Australe. Ne voyez-vous pas deux personnages, le premier est courbé et l’autre avance avec une cannePhoto : Daniel

La Baleine Franche Australe se nourrit de krill, crevettes de 4 cm, dont elle peut engloutir 300 kg en une heure. Elle les filtre à travers 450 fanons en kératine dont les plus grands atteignent 2 mètres de hauteur. Cependant nous les verrons rarement ouvrir leur gueule. La tête fait un tiers du corps.

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Ce n’est pas tous les jours que l’on peut voir ainsi sa gueule béante !Photo : Daniel

Nous ressentons la force et la taille de l’animal quand émerge sa nageoire caudale en même temps que sa tête. Cette queue mesure 5 mètres de large. Parfois, on aperçoit au loin sa queue dressée au-dehors de l’eau pendant une dizaine de minutes pour aider à la thermorégulation. Sa couche de graisse, tant convoitée, varie au cours de l’année de 14 à 35 centimètres d’épaisseur.

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Splash !Photo : Marion

D’autres fois, une gigantesque gerbe d’eau attire notre regard au large, une baleine saute et propulse les deux tiers de son corps hors de l’eau à la suite d’une longue immersion. Au fait, pourquoi sautent-t-elles ? Pour diverses raisons semble-t-il. Les individus solitaires le font de façon répétée pour se faire remarquer !  Elles sauteraient pour se débarrasser de leurs peaux mortes, de leurs parasites et tout simplement pour communiquer entre elles, montrer leur force et s’amuser.

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Saut de Baleine Franche AustralePhoto : Marion

Nous les voyons souvent faire la planche, ventre à l’air, nageoires pectorales dressées. Au fil des jours, nous  en reconnaissons certaines, notamment une baleine qui présente des tâches blanches sur le ventre telle une vache bretonne. C’est la plus intrépide. Nous la voyons souvent sauter au loin. Son baleineau a hérité de ces mêmes tâches.

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Baleines Franches Australes à la Playa de Las CanterasPhoto : Daniel

Quand elles sont excitées, elles battent la surface de l’eau de leurs nageoires pectorales et si elles sont éloignées le bruit nous parvient avec deux ou trois secondes de décalage.

Video d’une Baleine Franche Australe qui frappe la surface de l’eau

Mais ce que nous aimons par dessus tout, c’est entendre leurs souffles et leurs grognements : « tiens, elles sont là ! Â». Surtout la nuit, où nous ne les voyons pas, mais les sentons si proches que naïvement la première nuit à la playa de Las Pardelas, nous sommes aller voir avec notre lampe de poche ! Bien sûr, nous n’avons rien vu. A la surface de l’eau le bruit porte très loin et nous nous apercevrons que le son semble le même qu’elles soient proches ou lointaines.

Les Baleines vous parlent…

Généralement les baleines s’approchent de la plage deux à trois heures après la marée haute, parfois avant. Nos journées sont donc rythmées par les horaires de marées, nos réveils aussi, car nous espérons chaque jour des aubes colorées en compagnie des baleines sur la Playa de las Canteras. Les baleines ne sont pas toujours au rendez-vous, mais la mer revêt alors des couleurs improbables entre pourpre et vieil or.

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Aube sur la playa de Las CanterasPhoto : Marion
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De l’or liquide ?Photo : Marion

Sur la Péninsule de Valdès, nous avons aimé bivouaquer sur la playa de Las Pardelas, beaucoup plus intime que celle de Las Canteras. Lieu magique pour ses couchers de soleil se reflétant dans les gouilles remplies d’eau mer lors des tempêtes.

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Premier soir à la Playa de Las Pardelas. La mer est d’huile et la tempête se lèvera cette nuitPhoto : Marion

Nous avons aimé poursuivre les baleines sur les plateformes de Las Pardelas où sont prisonnières des milliers d’huitres fossilisées.

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Une baleine nous rend visite à la Playa de Las pardelasPhoto : Daniel

Nous avons aimé les moments partagés avec deux familles de voyageurs par une belle journée de printemps couronnée par la visite d’une baleine blanche.

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C’est aussi l’occasion de rencontrer d’autres voyageurs et de partager ces moments d’émotionPhoto : Marion
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Baleineau blanc et sa mère à la Playa de las Pardelas, Péninsule de ValdèsPhoto : Daniel

Petit bémol sur la Péninsule de Valdès : cette année les baleines boudent la Réserve et nous en verrons peu comparé au show qu’elles donnent sur la playa de Las Cantéras dont l’accès est gratuit, à 16 km de Puerto Madryn. Est-ce un acte de rébellion envers l’augmentation de 50% du prix d’entrée de cette réserve où il est interdit de bivouaquer à proximité des zones d’intérêt faunistique de la côte est et qui oblige de faire 150 km aller-retour quotidiennement pour revenir aux lieux de bivouac autorisés ? Il serait d’ailleurs question de lever cette interdiction. De ce fait, à cause du coût, certaines familles renoncent à visiter la Péninsule de Valdès. C’est dommage car il y règne une atmosphère particulière, mais il faut y passer quelque temps pour qu’elle se révèle à nous.

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Piste pour aller à la Playa de Las PardelasPhoto : Marion

Avant de quitter la Playa de Las Canteras, début novembre, par une chaude journée ensoleillée, où nous avions sorti la table et les fauteuils face à la mer, nous avons assisté à un étrange concert. Les baleines se sont mises à grogner de façon répétée, elles se répondaient d’un bout à l’autre de la baie, des sons rauques que nous n’avions pas encore entendus, presque scatologiques tellement elles les prolongeaient à l’extrême, puis en fin de journée un son plus puissant encore mais strident comme celui d’un train signalant son départ. Etait-ce effectivement l’annonce d’un départ imminent pour les mers australes ? Nous avons constaté les jours suivants une baisse notable du nombre de baleines et baleineaux. Restaient les mères accompagnées des petits baleineaux. Les autres devaient déjà migrer vers le sud.

Nous avons repris aussi notre migration vers le Sud, il reste du pays à voir. Chose étrange, au moindre bruit, il nous semblait entendre le souffle et le grognement des baleines. Et puis, un jour on découvre qu’on ne les entend plus…

  1. LESOURD Francine

    Magnifique ! Que du bonheur à vous lire et poser longuement les yeux sur les photos de vos cétacés. Nous ne nous en lassons pas et attendons les prochaines nouvelles.
    Bonne continuation dans votre long et passionnant périple.
    Amicalement, Francine.
    (mon adresse a changé : je suis à présent sur wanadoo)

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  2. Antoine

    Salut,
    Bande de #*%$~(& !!!!!!!!!
    Le rêve !
    Et belles images, comme d’hab.
    Petite question, est possible de nager avec ou c’est interdit ?

    Bonne continuation
    A+
    Antoine

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    • Daniel

      Bonjour Antoine,

      Merci pour les compliments.
      Et oui, Il est interdit de nager avec les baleines. Des gardes passent régulièrement et contrôlent. Nous nous sommes fait plaisir aussi avec les Pingouins Gorfous Sauteurs et les cormorans gris qui sont superbes.

      Marion et Daniel

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  3. Jean-Marie

    Tout simplement magique. Bravo pour ces superbes photos de baleines. Il nous tarde d’être dans ce beau pays qu’est l’Argentine, mais nous sommes encore loin aux USA en Arizona.
    Bonnes Balades et peut-être sur la piste un de ces jours
    Cordialement
    Simone et Jean-Marie

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  4. Josiane et Bruno

    Toujours aussi splendide.Félicitations pour ces images de rêve:Baleines avec leurs petits,les couleurs du lever et coucher du soleil….on ne s’en lasse pas .
    Bonne route à vous deux.

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  5. Bauzin

    Exceptionnelles de telles images ! Que c’est beau ++! Du rêve qui arrive dans nos maisons : magique! Merci pour ce partage extraordinaire de baleines, baleineaux,couchers de soleil et j’en passe!

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  6. charisma45

    Bonjour

    Ces photos sont magnifiques et nous avons hâte de pouvoir assister à ce spectacle. Malheureusement je n’ arriverai jamais à faire d’aussi belles photo.
    Bon voyage
    Cordialement

    Charisma45

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